• Période légendaire

La tradition chinoise évoque trois empereurs antiques qui seraient à l'origine du savoir , des connaissances et des premières écritures. Ils sont à la sources des fondements mêmes de toute la pensée chinoise.
   - Fú Xī 伏羲, inspirateur du célèbre Yi Jing (Livre des Mutations/Transformations).
  - Shén Nóng 神農, qui aurait transmis aux hommes les techniques de l'agriculture et les bases de la pharmacopée traditionnelle.
  - Huáng Dì 黄帝, l'Empereur Jaune, référence fondamentale dans la médecine chinoise.
 

• Période des Trois Dynasties (San Dai) - (2207-722 av. J.-C)

Il s'agit de la période comprenant les dynasties Xia (2207-1766 av. J.-C), Shang (1765-1122 av. J.-C.) et Zhou (1121-722 av. J.-C).
On ne connaît pas précisément la façon dont était pratiquée la médecine à cette époque, car aucun texte aussi ancien n'a pu être conservé jusqu'à nos jours. Seuls des os de bovidés et des carapaces de tortue, gravés d'idéogrammes médicaux anciens, remontant à 2300 avant J.-C, et quelques instruments (aiguilles d'acupuncture en pierre notamment) permettent de savoir qu'il existait une médecine chinoise primitive, il y a plus de trois mille ans. Nous pouvons donc considérer cette période comme le début de la médecine chinoise.

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• Epoque des Printemps et Automnes et des Royaumes Combattants ( 722-221 av. J.-C)

L'époque des Printemps et Automnes (722-481 av. J.-C.) correspond à la fin de la phase de développement strictement empirique de la médecine chinoise et au début de sa transformation en système médical cohérent.
Cette période est marquée par l'existence d'un des premiers grands noms de la médecine chinoise : Bian Que (un contemporain d’Hippocrate)
L'époque des Royaumes Combattants (453-221 av. J.-C.) est une période clef durant laquelle la médecine chinoise devient une « médecine savante ». La plupart des concepts théoriques et des fondements dialectiques que nous utilisons encore de nos jours comme les théorie du Qi, du Yin Yang, des 5 mouvements etc sont élaborés à cette époque, probablement empruntés aux sciences antiques, comme l'astronomie, la musique, les mathématiques et surtout la philosophie.
 
Autre fait des plus importants de cette période : la naissance de la "bible" fondatrice de la médecine chinoise, le Huáng Dì Nèi Jīng  黄帝内经 (classique interne de l'empereur jaune) , ouvrage qui sera compilé tout au long des périodes qui suivront.
Cette œuvre compile toutes les théories fondamentales sur lesquelles cette médecine repose, et est toujours une référence en la matière, prés de 2500 ans plus tard.

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• Dynastie Qin (221-206 av. J.-C.)

Cette courte période de l'histoire chinoise, verra le roi Zhèng 政 sortir vainqueur des très nombreux conflits territoriaux qui opposaient les différents royaumes et qui agitaient la Chine depuis plusieurs siècles.
Il devient alors le véritable premier empereur, connu sous le nom de Qín Shǐ Huáng Dì  秦始皇帝
( Premier auguste souverain [du territoire] Qín) . Il unifia ce vaste territoire en un gigantesque empire, standardisa l'écriture, la langue, la monnaie, les poids et les mesures et est vu comme le père de la Grande Muraille de Chine.
S'entourant d'un grand nombre de savants, médecins et alchimistes, dont les investigations s'orientent essentiellement vers les techniques de longévité et la recherche de l'immortalité.
Obsédé par l'immortalité et paranoïaque avéré, l'empereur jaune ordonnera le massacre de plusieurs centaines de lettrés, ainsi qu'un gigantesque autodafé dont seuls certains ouvrages de médecine, d'agronomie et de divinations sortiront épargnés.

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• Dynastie Han (206 av. J.-C. - 220 apr. J.-C.)

Cette période, verra la médecine continuer de se perfectionner et de s'ordonner. L'usage de la pharmacopée en particulier, qui atteindra un niveau d'excellence, notamment grâce à la rédaction de 2 ouvrages majeurs et fondamentaux pour cette pratique : le Shén Nóng Běn Cǎo Jīng 神農本草經 (Traité de matière médicale de Shén Nóng) qui est la première et la plus ancienne matière médicale connue, et le Shāng Hán Zá Bìng Lùn
伤寒杂病论 (Traité des lésions du froid et des maladies diverses).
Cette dernière œuvre attribuée à un grand maître de la tradition médicale chinoise, nommé Zhāng Zhòng Jǐng 张仲景 (150-219), est probablement l'une des plus importantes œuvres classiques de la médecine chinoise.
Ces deux ouvrages demeurent encore une référence incontournable et indispensable dans la pratique moderne de la médecine chinoise.
Un autre grand maître de cette période nommé Huà Tuó 华佗 (env. 141-208), virtuose des opérations chirurgicales à qui l'on attribut des greffes d'organes, des chirurgies oculaires ou encore des opérations à ventre ouvert , marquera également cette époque.

Autre fait des plus importants de cette période: la rédaction d'un autre ouvrage fondateur et toujours utilisé de nos jours,  le Nán Jīng 难经 (Classique des difficultés), qui permet d' éclaircir un grand nombre de sujets difficiles, de théories complexes ou d’incohérences présents dans le Huáng Dì Nèi Jīng  黄帝内经 (classique interne de l'empereur jaune).

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• Des Trois Royaumes (220-265) aux dynasties du Nord et du Sud (420-589)

Durant cette période, la médecine continue son développement sur divers plans et notamment la littérature avec les rédactions, par des grands maîtres de la tradition médicale de cette période, de nombreux ouvrages importants pour les générations qui les suivront. Œuvres qui parviendront jusqu'à notre époque moderne.
- Huáng Fǔ Mì 皇甫谧 (214-282) qui rédigera le Zhēn Jiǔ Jiǎ Yǐ Jīng 针灸甲乙经 (Compendium classique d'acupuncture et de moxibustion), œuvre extrêmement importante pour l'acupuncture  et la moxibustion, et qui apporte de nombreuses précisions sur les canaux et les points d'acupuncture notamment.
- Wáng Shū Hé 王叔和 (201-280), synthétisa tout le savoir ancestral sur les pouls et le compila dans le premier traité de référence sur le diagnostic par les pouls, le Mài Jīng 脈經 (Classique des pouls) dont l'influence ultérieure fut considérable, y compris au Moyen-Orient et en Europe.
 
Nous pourrions également citer Gě Hóng 葛洪 (env. 283-363), Táo Hóng Jǐng 陶弘景 (456 - 536) et bien d'autres grands noms encore.

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• Dynasties Sui (589-618) et Tang (618-907)

La relative stabilité politique de cette période favorise le développement de l'économie, des sciences, des arts et des techniques.
L'enseignement de la médecine chinoise devient officiel à partir de 624, les études sont sanctionnées par des examens d'Etat. Le premier codex pharmaceutique est rédigé en 659, sur ordre impérial et le premier traité d'étiologie et de symptomatologie voit le jour également. Des disciplines comme l'ophtalmologie, la pédiatrie, l'obstétrique, la chirurgie font l'objet de nouvelles études.
 
Deux grands médecins de la tradition médicale chinoise, Yáng Shàng Shàn 杨上善 (585-670) , puis Wáng Bīng 王冰 (env. 710-805) rédigent les deux plus importantes versions commentées et réorganisées du Huáng Dì Nèi Jīng  黄帝内经 (Classique interne de l'Empereur jaune) qui servent encore, de nos jours, de références.
 
Il est impossible d'oublier le plus fameux médecin de cette époque, le grand Sūn Sī Miǎo 孙思邈 (581 - 682) , qui préférait la vie d'ermite et décida donc de refuser successivement à deux empereurs, les honneurs et les postes élevés qui lui furent offerts. Il laissera ces œuvres, le Qiān Jīn Yào Fāng 千金要方 (Prescriptions majeures de milles onces d’or) et le Qiān Jīn Yì Fāng 千金翼方 (Prescriptions supplémentaires du Qian Jin [Yao Fang]). On peut considérer ces deux œuvres comme la première encyclopédie médicale de l’histoire de Chine

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• Dynastie Song du Nord (960-1127)

Sous les Song, de nombreuses découvertes techniques auront une influence sur la médecine. La découverte de l'imprimerie à caractères mobiles permet la diffusion à grande échelle du savoir médical. L'utilisation de la distillation permet la production de nouvelles substances thérapeutiques. L'anatomie fait des progrès, en partie dus au développement de la dissection dans la médecine légale.
La localisation des canaux et des points se standardise, grâce à la publication de planches d'acupuncture et à la réalisation de Tong Ren (hommes de bronze). Ces statues de formes et de dimensions humaines qui comportaient des petits trous à l'emplacement des points d'acupuncture destinés aux entraînements des   futurs médecins.

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• Dynasties Jin (Nord) (1115-1234), Song (Sud) (1127-1279) et Yuan (1277-1367)

Cette période est principalement marquée par l'influence de quatre grands maîtres, chacun ayant fondé un courant médical spécifique, issu de son interprétation de certains aspects du Nei Jing et de son expérience clinique. Ces quatre théories, différentes et complémentaires, eurent une influence considérable sur le développement ultérieur de la médecine chinoise.
 
Le médecin Liú Wán Sù 刘完素 (1120-1200) fonda "l'école du froid et du frais"
Le médecin Zhāng Cóng Zhèng 张从正 (1156-1228) fonda "l'école de l'attaque et de la purgation"
Le médecin Lǐ Dōng Yuán 李东垣 (1180-1251) fonda "l'école de la tonification de la terre"
Le médecin Zhū Dān Xī 朱丹溪 (1281-1358) fonda "l'école de l'entretien du Yin"

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• Dynasties Ming (1368-1644) et Qing (1644-1911)

Cette longue période fut marquée par l'apparition de plusieurs concepts importants.
Le plus célèbre médecin des Ming est probablement Lǐ Shí Zhēn 李时珍 (1518-1593). Fils d'un médecin accompli, il consacra trente années de sa vie à rédiger, avec l'aide de sa famille, le traité de matière médicale le plus exhaustif de la littérature classique : le Běn Cǎo Gāng Mù 本草纲目 (Compendium de la matière médicale). Cette œuvre colossale décrit 1 892 ingrédients, contient plus de 1000 illustrations et plus de
10000 formules. Riche de nombreuses informations sur la botanique, la pharmacopée, mais aussi la zoologie, la minéralogie et l'ethnomédecine. Il sert encore de référence aux pharmacologues modernes. Lǐ Shí Zhēn a également rédigé d'autres ouvrages, dont le célèbre traité sur les pouls: Bīn Hú Mài Xué 濒湖脉学

Un autre très grand médecin de cette dynastie, Zhāng Jiè Bīn 张介宾 (1563-1640), est l’un des plus célèbres commentateurs du Nèi Jīng (Classique interne) et on lui doit de nombreux éclaircissements sur des sujets difficiles et des apports dans les domaines du diagnostic, de la médecine interne, de la gynécologie, de la pédiatrie et de la chirurgie, plusieurs de ses oeuvres maitresses nous sont parvenues

La plus importante synthèse sur l'acupuncture est réalisée en 1601 par Yáng Jì Zhōu 杨继洲 (1522-1622) : le Zhēn Jiǔ Dà Chéng 针灸大成 (Grande compilation sur l'acupuncture et la moxibustion).

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• Epoque contemporaine (1911 à nos jours)

La révolution de 1911 marqua la fin de la dynastie des Qing en 1911.
En 1929, des Chinois alors formés à la médecine occidentale demandèrent l'interdiction nette de la médecine traditionnelle chinoise, la médecine de leurs ancêtres !!
La réaction du public fut alors très forte et à l'issue d'un grand rassemblement, le 17 mars 1929, à Shanghai, une pétition fut adressée au gouvernement pour protester contre cette décision. La médecine ancestrale fut réhabilitée.
Cependant, d'autres conflits opposant ces deux systèmes médicaux verront le jour durant les décennies qui suiveront mais à partir de 1950, le gouvernement chinois essaiera de favoriser une coopération entre ces deux médecines. L'enseignement de la médecine chinoise fut réorganisé, d'abord par l'intermédiaire d'instituts privés, qui seront ensuite nationalisés. Aujourd'hui, dans chaque province chinoise, les études de médecine occidentale et celles de médecine chinoise font l'objet de cycles parallèles, de durée identique et toutes deux sanctionnées par des diplômes d'Etat.
A la fin des années 1970, et au début des années 1980, l'ouverture de la Chine populaire permit à quelques Occidentaux, qui n'avaient pu se former jusqu'alors que dans d'autres pays d'Asie (Japon, Viet Nam, Taïwan...), d'étudier directement dans les universités chinoises ce qui  favorisera le développement d'un savoir plus authentique et d'un enseignement mieux construit.